Debout la République 11ème Circonscription du Pas de Calais - -Hénin Beaumont - Carvin

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La déliquescence de l’esprit public par Karim OUCHIKH

09/12/2010 10:26

La déliquescence de l’esprit public par Karim OUCHIKH


La vitalité démocratique d’une nation ne se mesure-t-elle pas, en un sens, en la capacité salutaire de son peuple à s’indigner lorsque des évènements, d’apparence anodine, en viennent à heurter singulièrement l’esprit public ? La réponse ne va pas de soi, en vérité, si l’on en juge en effet par les suites navrantes qui ont été réservées, en ce tout début du mois de décembre 2010, à deux nouvelles proprement stupéfiantes qui, l’une comme l’autre, paraissent avoir laissé de marbre l’opinion publique française.

Le Ministère de l’Intérieur et la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) viennent de signer une convention pour s’attaquer ensemble au racisme et à l’antisémitisme (Le Figaro, jeudi 2 décembre 2010). En appoint à la « formation à l’antiracisme » qui sera prochainement dispensée « dans les écoles de police et de gendarmerie », cet accord devrait conduire à la mise en œuvre prochaine d’une coopération renforcée avec la Licra avec, en ligne de mire, trois objectifs principaux : la « veille sur Internet» pour davantage réprimer les « dérives » sur la Toile ; la « lutte contre le racisme dans les stades » ; les « échanges de statistiques ». En pratique, chaque commissariat sera doté, dans l’immédiat, d’une documentation spécifique conçue par cette association. Dans la foulée, Brice Hortefeux se propose de créer un Observatoire consacré au racisme, dont les leviers de commande seront confiés, cette fois-ci, au Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) !
Nul ne s’émeut, nous semble-t-il, du choix discrétionnaire du Ministère de l’Intérieur de confier de la sorte à des associations soigneusement triées sur le volet le soin, qui n’a en soi rien d’illégitime, de lutter contre le racisme et l’antisémitisme, dans une perspective qui, en l’occurrence, conduirait toutefois à privatiser dans les faits une partie des attributions qui sont ordinairement confiées aux pouvoirs publics en matière de respect de l’ordre public. Quels sont les critères qui ont conduit à privilégier la Licra et le Cran dans le rôle de vigies officielles de la pensée, qui leur est ainsi solennellement conféré, plutôt que d’autres associations qui, du MRAP à SOS Racisme, se réclament pourtant des mêmes objectifs d’action ? Quel est le contenu de cette mystérieuse documentation qui sera demain élaborée par la Licra à destination des forces de l’ordre et quel en sera le degré d’autorité dans la répression des faits incriminés ? Quelles seront les attributions de ce futur et énième Observatoire consacré au racisme, dont on ignore parfaitement, pour l’heure, les modes de financement ? Comment seront élaborées ces statistiques communes et, dans leur traitement, quel est le sort qui en sera réservé ? Pourquoi ne pas avoir attendu de débattre devant le Parlement de tous ces sujets, essentiels au regard de la préservation de nos libertés publiques, à l’occasion du « plan national de lutte contre le racisme » qui sera arrêté à l’échéance du printemps prochain ?
Autant de questions préoccupantes qui interrogent, au fond, sur le devenir en France de la liberté d’expression dont l’usage effectif est sans cesse mis à l’épreuve avec l’émergence dans notre pays de restrictions à son libre exercice qui se multiplient abusivement depuis une quinzaine d’années, au point de faire peser désormais une menace réelle sur l’intégrité de cette liberté publique fondamentale.
 
Autre fait troublant. A plusieurs milliers de kilomètres de la Place Beauvau, Jean-François Copé vient de profiter d’un déplacement à Pékin pour relancer ces jours-ci les relations entre l’UMP et le Parti Communiste Chinois, deux mois après l’ahurissante signature par son prédécesseur, Xavier Bertrand, d’un mémorandum controversé entre le parti unique chinois et le parti présidentiel français (Le Figaro, jeudi 2 décembre 2010). Au menu de ces discussions, préparatoires à la visite d’une délégation de l’UMP programmée en Chine à l’horizon 2011 : l’intensification entre les deux formations politiques sœurs de relations fécondes qui doivent permettre, selon le tout nouveau secrétaire général de l’UMP, de mieux appréhender « les différences d’approche sur des problèmes comme celui de l’intégration des minorités, des religions et des libertés » !
On croit rêver ! Que l’UMP poursuive et structure un dialogue politique continu avec l’un des derniers partis uniques actuellement au pouvoir dans le monde, sans être autrement troublé par un quelconque état d’âme, en dit long sur l’état d’esprit actuel d’un parti présidentiel qui semble avoir passer par pertes et profits les atteintes innombrables aux libertés fondamentales dont, ces dernières années, la République Populaire de Chine s’est faîte ouvertement la championne toutes catégories. Si le principe intangible de la souveraineté des Etats qui impose assurément de ne pas s’ingérer, jusqu’à un certain point, dans la conduite des affaires intérieures des Etats souverains, est une réalité diplomatique constante qu’il appartient à la France d’observer scrupuleusement, y compris à l’égard de la Chine, n’en va-t-il pas autrement quand le face-à face considéré met aux prises une formation politique, fut-il le parti présidentiel, qui œuvre dans un Etat démocratique, comme peut l’être la France, à un parti qui évolue, à l’instar de la Chine, dans un système qui demeure foncièrement totalitaire, en dépit des ouvertures économiques de façade de Pékin ? Doit-on, une fois de plus, donner des gages politiques à un Etat qui ne cesse de jouer de sa puissance économique et financière pour intimider inlassablement les nations occidentales et, au premier rang de celles-ci, la France qui, pour notre infortune, est perçue par l’empire du Milieu comme le véritable talon d’Achille de l’Europe ?
En d’autres temps, de tels faits auraient offert matière, à coup sûr, à de mémorables polémiques, donnant lieu aussitôt à de saines et nobles querelles politiques. Aujourd’hui accueillis, dans l’agora politique, dans la plus parfaite indifférence, ces faits controversés révèlent indiscutablement dans notre pays, au mieux, l’attentisme d’une opinion publique française passablement anémiée, au pire, la déliquescence d’un esprit public aujourd’hui manifestement à la peine.
En considération du diagnostic qui doit être porté à chaque instant sur l’état de santé démocratique de la France, cette situation éminemment dommageable nous plonge, dans les deux cas, dans un abîme de perplexité.
Karim OUCHIKH
5 décembre 2010





Lettre à Monsieur Besson

05/12/2010 10:16

Lettre à Monsieur Besson


Monsieur le ministre,
Comme beaucoup de Français, je ne manifeste pas beaucoup d’empathie à votre endroit. La manière dont vous vous êtes laissé instrumentalisé par l’actuel Président entre les deux tours de la dernière élection présidentielle constituait une bonne base de départ1. Mais il est vrai que, depuis, votre collègue du gouvernement Marie-Anne Montchamp vous a battu à plates coutures dans cette compétition sportive. Je n’ai pas non plus apprécié votre soi-disant trait d’humour, concernant votre autre collègue NKM l’autre jour. Dire qu’elle est plus en os qu’en chair devant une assemblée, et de la part d’un ministre de la République, n’est ce pas montrer de manière définitive en quoi la dignité vous est inconnue ? D’autant que vous avez là donné l’occasion à vos détractrices de dénoncer votre machisme. Or, je souhaite défendre le macho. En l’occurrence, cette allusion n’a rien de machiste. Il s’agit d’une muflerie de bas étage.
Traître, mufle, voilà qui devrait vous habiller suffisamment pour cet hiver lequel s’annonce rigoureux, si j’en crois mon thermomètre en cette matinée franc-comtoise2. Mais il faut chercher ailleurs mon courroux. Hier soir, j’ai pris connaissance de vos déclarations concernant le site WikiLeaks et votre refus de le voir installé en France. Non pas que j’éprouve de la sympathie pour les activités de Monsieur Assange ; en l’occurrence je partage largement les préoccupations que Koz a exprimées l’autre jour. Vous avez donc pris prétexte des déclarations de Barack Obama qui avait qualifié ce site de « criminel » pour le déclarer non grata en France. Peut-on préciser que ce site n’a pas été déclaré hors-la-loi aux Etats-Unis et que ce n’est pas le gouvernement de ce pays qui ne souhaite plus l’accueillir mais seulement son hébergeur historique, Amazon ?
Grâce à vous, notre pays est le seul, dans ce qu’on appelle le « monde libre », qui interdit l’hébergement un site d’information ou d’opinion sur son territoire alors qu’il s’exprime pourtant dans le strict respect de la Loi. Et qui en interdit l’accès. Il s’agit d’un délit de sale gueule. Et j’ai déjà dit que la gueule était effectivement sale. Mais cette interdiction est une honte. Parce qu’il s’agit maintenant d’un dangereux précédent. Qui empêchera demain un ministre, vous ou un autre, de s’appuyer sur ce précédent pour suivre, par exemple, les préconisations du MRAP3 ? Les sites jugés racistes demain, les sites jugés homophobes après-demain, les sites jugés encourager le terrorisme un autre jour, les sites jugés anti-européens -et donc certainement mon carnet politique- la semaine prochaine : monsieur le ministre de l’information numérique, vous avez du pain sur la planche.
Il y a tout de même quelques petites choses à expliquer, monsieur le ministre. Trois, au moins.
D’abord, pourquoi n’avez vous pas fait saisir dans les kiosques les exemplaires du Monde qui ont repris toutes les informations de ce site alors même que la directrice de la rédaction du quotidien du soir assumait une fructueuse collaboration avec ledit medium ? On imagine Paris à midi, alors que tout le monde sort du bureau pour aller se restaurer et la maréchaussée qui nous saisit notre journal sous le nez. Pas mal, comme symbole, non ? Vous n’avez pas voulu courir ce risque et on vous comprend. Pourtant, si ces infos étaient criminelles, comme le disait Dieu Obama lui-même, la logique qui vous conduit à interdire WikiKeaks en France aurait dû vous amener à interdire Le Monde.
Ensuite, comme tout le monde, j’ai appris les révélations de ce site criminel sur notre Président. Il serait susceptible, irritable. Mazette ! Et, il serait atlantiste au possible, nous aurait embarqué en Irak s’il avait été Président quatre ans plus tôt. Tu parles d’un scoop ! Cela fait un bail que tout le monde sait tout cela. Sarkozy est allé dire à New-York à l’automne 2006 qu’il aimait qu’on le surnomme « Sarko l’Américain », a qualifié la position française sur le dossier irakien d’arrogante. Et depuis, il a fait faire à notre Nation son retour dans les structures intégrées de l’OTAN. En fait, pour connaître tout cela, il fallait lire en 2006 le rapport du PS qui qualifiait Nicolas Sarkozy de « néoconservateur à papiers français », rapport signé par un certain Eric Besson. Je me demande s’il n’aurait pas fallu interdire la diffusion de cette outrancière publication. Mais que faisait donc le ministre de l’Intérieur de l’époque ?
Enfin, pour cette histoire de transparence, dont je déteste, comme Koz et tous mes amis de Causeur, la dictature, êtes-vous, monsieur le ministre le mieux placé pour la combattre ? Est-ce que celui, qui comme son Président de recruteur, met en scène ses coucheries4 sur la place publique ne devrait pas, au contraire, la mettre en veilleuse sur le thème de la transparence ? Ceux qui soutiennent que le Président de la République et celui de l’UMP doivent se confondre afin d’être véritablement transparents et ne pas céder à l’hypocrisie coupable des précédents présidents de la Ve République ne sont-ils pas les moins bien placés pour donner des leçons en la matière ? Ou alors, se rendent-ils compte que cette hypocrisie et ce secret avaient du bon et que c’est ce qu’on appelle effectivement la civilisation ; qu’ils se sont plantés sur toute la ligne et qu’ils rament maintenant dans l’autre sens avec le dangereux zèle des néophytes ?
A tout cela, il faudra bien que vous répondiez, monsieur le ministre. Mais sachez une chose : dans vos prochaines tentatives d’interdiction et de filtrage, nous ne demeurerons pas inertes. Votre passage au ministère du numérique ne sera pas un chemin pavé de roses, soyez en certain.
Salutations.
David Desgouilles
 
  1. Même si vous aviez, avec panache, fait partager votre désir de tout plaquer alors que vous bossiez sur  programme économique du PS pendant la campagne Royale. Sans doute auriez dû arrêter là et retournez dans le privé pendant quelques années avant de revenir à la politique.
  2. A ceux qui souhaitent venir dans ma bonne région mais sont effrayés par ce qu’en décrivent les bulletins météorologiques, je souhaite rappeler que, certes, le froid peut nous saisir, mais que les loups ne rôdent pas aux abords des villes. J’espère que l’office du tourisme local me sera gré de cette utile précision.
  3. Qui classe, rappelons le, tout ce qui est à droite de Marie-Georges Buffet à l’extrême-droite.
  4. Dans un style de comédie de boulevard plutôt sympathique pour un franchouillard comme moi, reconnaissons-le.

  • http://carnet.causeur.fr/antidote/lettre-a-monsieur-besson,001317





  • Eloge des frontières

    02/12/2010 09:55

    Eloge des frontières


    Lorsque Nicolas Dupont-Aignan a commencé, il y a quelques mois, à affirmer sa volonté de vouloir rétablir les frontières nationales, je dois admettre que la proposition ne suscitait pas chez moi un enthousiasme démesuré. Car si je suis convaincu de l’impasse européenne et de la nécessité de revenir à des monnaies nationales, ce n’est pas pour autant que le rétablissement des frontières m’enchante.
    Expliquer la sortie de l’Euro, c’est relativement simple : la zone euro n’a rien d’une zone monétaire optimale et les économies des différents pays, au lieu de converger, ont divergées après avoir été mises en concurrence par une mondialisation sans pitié. Le coté pratique de la monnaie unique pour les touristes dont il m’arrive de faire partie ne fait pas le poids face au boulet économique qu’elle est devenue. D’autant plus au vu des conséquences sociales et culturelles du crash industriel de l’Europe.
    Mais, pour les frontières, c’était une autre histoire. Il faut admettre que c’est le type de proposition qui peut laisser l’impression amère d’aller à contresens de l’Histoire. Surtout dans le cas de l’Europe, cette colocation continentale dans laquelle il faut tout faire pour consolider une confiance mutuelle bien chèrement acquise.
    Parce que oui, je veux y croire à l’Europe ! Pas celles des technocrates, certes non, mais celle de la rencontre des peuples. J’ai profité comme tant d’autres du programme Erasmus, j’ai le même plaisir à arpenter les rues de Prague, Rome ou Freiburg qu’à sillonner les régions françaises. Et l’idée de faire travailler ensemble les peuples européens m’enthousiasme à priori plus que celle de rouvrir les postes frontières.
    A cela s’ajoute le fait que ma jeunesse a été marquée par le développement des réseaux d’informations planétaires, des chats IRC aux liens Twitter. Internet est le territoire sans frontières par excellence – à quelques pare-feux gouvernementaux près - pour le plus grand bonheur de tous. Bref, je ne suis pas sur que ma génération soit très sensible à la notion de frontière.
    Je cherchais donc depuis quelques temps les arguments me permettant de me débarrasser de mes plus grands doutes sur le sujet. Car ne nous méprenons pas, je suis en parfait accord avec NDA sur le diagnostic suivant : l’impossibilité de contrôler les flux migratoires, les échanges commerciaux et les transferts de capitaux sont autant de talons d’Achille en vue de la réhabilitation du pouvoir politique que nous prônons. Mais je n’étais pas persuadé que le remède de cheval que constitue le rétablissement des frontières soit la seule solution possible. Cette décision me paraissait être un recul trop symbolique de l’idéal européen qu’il serait difficile à estomper par des bénéfices incertains pour le peuple français.
    Mais, heureux hasard, alors que je cherchais le dernier ouvrage d’Hakim El Karoui, « Réinventer l’occident », en vue d’occuper un pluvieux week-end, mes yeux glissèrent sur le titre d’un petit livre de Régis Debray tout fraîchement publié. « Eloge des frontières ». Un éloge des frontières par Régis Debray, voilà ce qu’il me fallait !
    Et je ne fus pas déçu ! Cet ouvrage reprend le texte d’une conférence de mars 2010 à Tokyo. On y découvre une plume parfaitement libre, qui prend le temps de dévoiler une pensée profonde et cohérente sur un sujet souvent maltraité. Un savoureux petit exposé de 96 pages dans lequel Régis Debray remet en lumière des notions élémentaires et fondatrices de notre civilisation.
    L’idée principale est celle de l’ambivalence de la notion de frontière : « Elle inhibe la violence et peut la justifier. Scelle une paix, déclenche une guerre. Brime et libère. Dissocie et réunit. » Car si les frontières divisent les différents peuples de la Terre, c’est pour mieux les rassembler. Il est essentiel de définir un contour pour savoir dans quel cadre agir et que nos actes ne soient pas autant de coups d’épées donnés dans l’eau.
    La frontière, en fixant un même cadre à une multitude d’individus permet de rééquilibrer leurs rapports, en les civilisant : « La frontière rend égales des puissances inégales. Les riches vont où ils veulent, à tire-d’aile ; les pauvres vont où ils peuvent, en ramant. Ceux qui ont la maîtrise des stocks (…) peuvent jouer avec les flux, en devenant encore plus riches. Ceux qui n’ont rien en stock sont les jouets des flux. Le fort est fluide. Le faible n’a pour lui que son bercail (…). Le prédateur déteste les remparts ; la proie aime bien. »
    Debray prend en outre le temps de déconstruire l’argument selon lequel les frontières sont autant d’œillères qui nous ferment du monde et conduisent à l’incompréhension entre les peuples, avec tout ce que cela peut impliquer. Car, « c’est en se dotant d’une couche isolante, dont le rôle n’est pas d’interdire, mais de réguler l’échange entre un dedans et un dehors, qu’un être vivant peut se former et croître ». « (…) la peau est aussi loin du rideau étanche qu’une frontière digne de ce nom l’est d’un mur. Le mur interdit le passage, la frontière le régule. ».
    Ainsi, une frontière sert à fixer un cadre, former un corps d’individus et à le faire respirer, échanger avec le reste du Monde. La frontière n’empêche rien, elle ne bloque rien, elle régule, c’est un facteur d’équilibre. Et en fait, il n’est pas de régulation crédible sans frontières, que ce soit pour l’immigration ou la finance.
    Voilà pour les grandes lignes, je vous laisse le soin d’enrichir cet argumentaire avec la lecture de l’Eloge des Frontières. Pour le reste, Régis Debray ne manque pas de dénoncer l’imposture morale des effaceurs de frontières. « Le ‘ludion désancré’ ne voulait plus la démarcation ; il a la ségrégation. (…) Entre gated communities et bidonvilles. (…) Entre les gens de Neuilly et ceux d’Aubervilliers. »
    Car, regardons les choses en face : l’effacement des frontières n’a fait qu’attiser la peur des individus face à une altérité qui nous échappe. Pire, cette déconstruction a conduit à l’affaiblissement du citoyen pour renforcer le consommateur. « La globalisation elle-même provoque l’érection de murs électrifiés et vidéosurveillés contre des menaces senties comme névralgiques parce que insaisissables, infra- ou trans-nationales. » Et avec cet effacement, pendant que « l’économie se globalise, le politique se provincialise ». Une économie toujours plus forte, des pouvoirs politiques toujours plus faibles et des individus toujours plus seuls, est-ce vraiment cela qui est souhaité ?
    Non, vraiment, un monde sans frontières n’a rien d’enviable, triste et lisse qu’il serait. Quel plaisir prendrions-nous à passer les frontières, à changer de culture et de paysages, à nous ouvrir sur le monde… sans frontières ? Il est in fine inutile de faire l’économie des postes de douanes. « Ce serait trop dommage pour cette grosse boule polychrome, joyeusement polyglotte, où il faut chaque jour, par chance, apprendre à s’égarer et où l’on voudrait bien pouvoir continuer à se perdre. »
    Je ne peux que vous conseiller la lecture convaincante de ce manifeste de Régis Debray qui ne verse jamais dans l’excès et est empreint d’une grande sagesse, à l’image de cette dernière citation : « Renoncer à soi-même est un effort assez vain : pour se dépasser, mieux vaut commencer par s’assumer ».





    Vous avez dit Gaulliste social ?

    01/12/2010 16:46

    Vous avez dit Gaulliste social ?


    Je me permet de vous envoyer cette critique du Sieur Galouzeau. En effet, j'en ai assez d'entendre dire ça et là que Dominique De Villepin est l'alternative Gaulliste à Nicolas Sarkozy. Car, il est vrai que si sa position à l'ONU fut une position Gaullienne par excellence, cela ne lui donne pas un blanc seing pour le cataloguer Gaulliste "pur jus". Lorsque l'on gratte le vernis on se rend vite compte que Villepinisme n'est pas Gaullisme ! Pour vous en convaincre, je vous laisse le soin d'analyser les actions de Dominique De Villepin lorsqu'il fut ministre de Jaques Chirac :

    - ouverture du capital d'EDF (décret n°2005-761 du 7 juillet 2005)

    - poursuite de la privatisation des autoroutes (décrets n°2006-98 du 2 février 2006, n°2006-167 du 16 février 2006 et n°2006-267 du 8 mars 2006)

    - instauration du bouclier fiscal (à l'époque 60% des revenus, loi de finances pour 2006)

    - créations du "contrat nouvelles embauches" (CNE, ordonnance n°2005-893 du 2 août 2005) et du "contrat première embauche" (CPE, loi n°2006-396 du 31 mars 2006) - le premier a été abrogé en 2008 après avoir été déclaré non-conforme à une convention de l'Organisation Internationale du Travail et le second n'a jamais été appliqué à la demande de Jacques Chirac

     

    Vous avez dit gaulliste social ?

    Signé : Gaulliste forever






    Montchamp, cet exemple

    26/11/2010 11:39

    Montchamp, cet exemple


    La trahison décomplexée et supersonique a trouvé son icône

     

    par David Desgouilles

     

     

    Je me demande si nous n’avons pas un peu trop incité Nicolas Dupont-Aignan à viriliser son discours. L’autre jour, lorsqu’il a accusé Marie-Anne Montchamp de se livrer à de la prostitution politique, il n’a peut-être pas été très inspiré . Il est candidat à l’élection présidentielle et le destin de cette dame ne devrait provoquer chez lui que de l’indifférence. Cependant, cette assertion n’est dénuée de réalité, bien au contraire.

     

    Il y a deux ans, j’avais écrit un billet au vitriol expliquant le dégoût que m’inspirait ce genre de trahison. Je n’ai pas changé d’avis. Mais prenons du recul. Marie-Anne Montchamp, la mal prénommée, constitue un exemple. Quelle efficacité pédagogique pour expliquer aux enfants ce que la politique est devenue ! Finalement, je me demande s’il ne faudrait pas, au contraire, la remercier.

     

    Qu’on ne me taxe pas ici de naïveté. La trahison a toujours existé et je n’ai même pas été payé pour le savoir1. Seulement, lorsque Jacques Chirac soutient Giscard et devient le traître aux yeux des chabanistes et barons du gaullisme, il le fait avec des raisons politiques 2. Et elles tiennent debout. Et il le fait avec un tempo permettant une lisibilité aux électeurs. Pareil constat pour Nicolas Sarkozy qui passe de Chirac à Balladur en 1993-1994. Même les zig-zags d’Arnaud Montebourg à l’intérieur du Parti Socialiste revêtent une pédagogie pour les militants, une élégance dans le geste3 qui ménagent les apparences. Et les apparences, je suis désolé, cela ne compte pas pour des prunes.

     

    Ce qui frappe dans la manière dont Madame Montchamp a rejoint le gouvernement alors qu’elle était la porte-parole de Dominique de Villepin, c’est le côté décomplexé. Et la rapidité supersonique. Voici une dame qui participe au printemps dernier à la création d’un mouvement, République Solidaire, qui a pour but de faire de l’ancien premier ministre l’alternative à un Président de la République considéré comme un usurpateur. Voilà une député pendue à son téléphone de cet été à début novembre pour harceler quelques députés non inscrits afin de les convaincre de rejoindre un groupe parlementaire putatif à base villepiniste, et usant pour cela de termes choisis pour qualifier le Président et sa politique. Et qui finit par accepter un secrétariat d’Etat4 au premier coup de louche sur la casserole de soupe. En cela, Madame Montchamp rend service aux étudiants en sciences politiques des années 2020-2030. Sujet: le début du siècle, règne de l’ambition dérisoire et décomplexée. Appuyez votre démonstration par des exemples.

     

    Marie-Anne Montchamp nous rend un autre service. Depuis qu’on a voulu instaurer la parité et qu’on nous expliquait parallèlement que la politique avait besoin du désintéressement, du goût des idées forcément privilégiées par les esprits féminins par rapport aux brutes masculines, guidées par leur surcroît de testostérone, comme dirait Madame Lagarde, on attendait l’exemple, la preuve par neuf, qu’il ne s’agissait là que de calembredaines. Grâce à Marie-Anne, on a l’exemple idéal pour illustrer ce que l’on savait déjà, notre goût pour l’universel ne s’étant pas affaibli avec les années et l’expérience : les femmes savent aussi se comporter en crapules.

     

    Grâce à Montchamp, les militants de tous les partis politiques qui font les marchés chaque semaine et qui se font insulter, auxquels on renvoie à la figure d’un geste éloigné de celui, auguste, du semeur, un tract si courtoisement proposé, peuvent mettre un visage sur les raisons de leur souffrance hebdomadaire.

     

    Qu’on ne se méprenne pas ! Marie-Anne Montchamp n’est pas la cause des quarante à cinquante points d’abstention qui caractérisent la plupart de nos scrutins. Mais elle en constitue, à coup sûr, la figure la plus emblématique en cet hiver 2010. Cela durera le temps que cela voudra bien durer. Il semble bien que ce genre de personnage ne soit pas isolé dans ce qu’on appelle pudiquement les grands partis à vocation majoritaire. Il ne faudra peut-être pas attendre beaucoup afin que Montchamp retourne dans l’anonymat que son peu de talent mérite pour laisser place à un ou une autre ambitieux(se) décomplexé(e).

     

    1. Quel con !

       

    2. Qui ne sont certes pas les siennes mais celles du duo Juillet-Garaud.

       

    3. Souvenez - vous La Rochelle à l’été 2009 et ce pauvre Moscovici laissé à quai en quelques minutes par le jeune lion bourguignon déjà au service de Martine Aubry. De l’art, messieurs-dames.

       

    4. Ne me demandez pas de quoi elle est secrétaire d’Etat. Pas du chou farci en tout cas. Je m’en souviendrais. J’adore ce plat.

       

     






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